La mort en 1584 de François de Valois, dernier fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, et héritier de la couronne, laisse Henri III face au chef de la Ligue, Henri de Lorraine, troisième Duc de Guise, surnommé « le Balafré » comme son père, et adulé par le peuple de Paris. Ce dernier se soulève en sa faveur lors de la « journée des barricades » du 12 mai 1588 et chasse le roi de sa capitale. Le duc multiplie les allusions à l’éventualité de voir un prince lorrain monter sur le trône de France, avec le soutien de l’Eglise, obtenu grâce à son frère, le cardinal Louis de Lorraine.
Henri III accepte de convoquer de nouveau les Etats Généraux à Blois et ouvre la séance le 16 octobre dans la grande salle du château. Alors que la session des Etats Généraux de 1576 avait apporté de bonnes décisions (réorganisation de l’administration du royaume), celle de 1588 est bien différente. La pression des Ligueurs, dirigés par la famille de Guise, toute puissante dans cette période de guerres de religions, est énorme sur Henri III, toujours sans descendance. Sentant la menace, le roi de France prend la décision d’agir de manière radicale sur cette famille de Guise, trop puissante.
Vers 8 heures du matin le 23 décembre 1588, alors que le conseil, dans lequel siège le duc de Guise, vient de commencer, Henri III fait alors appeler le duc dans son cabinet vieux. Or, l’accès de ce cabinet ne peut se faire qu’en passant par la chambre du roi. Henri III y a fait dissimuler huit gentilshommes de sa garde personnelle, qui ont pour mission d’intercepter le duc sur son parcours. A l’invitation du roi, Guise quitte le conseil, traverse la chambre du roi et arrive à la porte du cabinet vieux. Ne recevant pas de réponse – le roi se trouve en fait dans son cabinet neuf –, il rebrousse chemin. Revenu sur ces pas dans la chambre du roi, il se heurte aux huit gentilshommes. Assailli de nombreux coups de poignard et d’épée, le duc s’écroule au pied du lit royal. Dans le même temps, le roi fait arrêter plusieurs membres du clan des Guise, dont le cardinal de Guise, frère du duc, qui sera exécuté à son tour le lendemain. Les corps des deux hommes sont dépecés et brûlés afin que leurs restes ne fassent l’objet d’un culte de martyrs.
Par ce coup de force, Henri III se débarrasse provisoirement des principaux chefs de la Ligue. Mais il faudra encore près de dix ans à Henri IV pour rétablir durablement la paix civile, par l’édit de Nantes, en 1598.
Au château de Blois, cet évènement est largement évoqué dans la « salle des Guise » (ancienne salle des Gardes du roi). Cette salle regroupe toute une série de tableaux, pour la plupart du XIXe siècle, qui relate tout l’évènement et qui montre tous les protagonistes. L’assassinat en lui-même n’a jamais été peint. En revanche, vous y verrez le fameux tableau de Charles Durupt, La mort du duc de Guise, de 1832 ou l’on voit le roi Henri III, le pied sur le cadavre du duc, scène au combien célèbre dans l’histoire, mais dont la véracité n’a jamais été démontré.
A regarder pour mémoire sur le site de l'INA, la caméra explore le temps, par Alain Decaux et André Castelot. C'est amusant, certes daté, mais intéressant tout de même.
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Site du château de Blois (nouveauté 2008) :chateaudeblois.fr