Le chantier de ce qui fut dans un premier temps le prieuré Saint-Gilles datent environ de 1067-1069. Bouchard III, seigneur de l’Ile-Bouchard, en était le fondateur. Cette fondation fut approuvée par le comte d’Anjou, son suzerain, Foulques le Réchin, descendant de Foulques Nerra, et de Barthélemy de Chinon, archevêque de Tours.
Il n’en reste maintenant que le chevet, formé d’une abside, d’un déambulatoire et ces trois chapelles rayonnantes. Nous avons là d’ailleurs l’un des premiers déambulatoires à chapelles rayonnantes de l’histoire de l’architecture, d’où l’importance de conserver les restes de cet édifice.
Il semble que le monument, dans son intégralité, était d’assez grandes dimensions. L’état de conservation actuel a plus d’un siècle. Des gravures publiées dans la revue « Magasin Pittoresque » de septembre 1846 montre l’église dans un état approchant celui que nous connaissons actuellment.
Les cinq grandes arcades du chœur retombent de grosses colonnes aux chapiteaux historiés. Mais les espaces sont obstrués par de petits arcs plein cintre qui retombent eux aussi sur des colonnes plus modestes. Cette curiosité semble être une consolidation du rond-point de colonnes, très ancienne, certainement due à l’approximation de la construction de l’époque. Au début de ce genre de construction, le maître d’œuvre n’a pas su l’édifier avec une solidité suffisante, d’où une modification, assez maladroite, qui explique aussi l’ancienneté du rajout, sans doute quelques années après l’achèvement de cette partie du chantier. Ces rajouts ont longtemps masqué les faces latérales des chapiteaux historiés, qui étaient donc illisibles. C’est aujourd’hui possible pour notre grand plaisir, puisqu’ils sont magnifiques, à en juger par leur âge, et aisément identifiables aujourd’hui.
Le premier chapiteau historié (partant de la droite du monument) nous montre une Nativité. La Vierge repose sur un lit à balustre. L’enfant est emmailloté de bandelettes en spirales et allongé sur une crèche en osier tressé. Nous y voyons aussi la tête de l’âne et du bœuf. Les Rois Mages ont des visages asiatiques, pommettes saillantes et yeux bridés, ce qui n’est pas commun.
Sur le deuxième, nous voyons la présentation de Jésus au temple, le massacre des Innocents, le baptême du Christ et la fuite en Egypte.
Le troisième nous montre Judas, des soldats armés, une Cène très étonnante en terme de perspective. Nous comprenons la difficulté pour l’époque de représenter une perspective d’une table sur un chapiteau, cela relève déjà de l’exploit technique. La crucifixion termine ces faces, du côté du chœur, naturellement.



Dans le déambulatoire, la chapelle d’axe est ruinée, il n’en reste que le tracé au sol, à l’orient. Les deux autres sont en place.
Ne prêtez pas attention à la toiture. Elle n’est là que pour protéger les vestiges, elle n’a aucune vocation d’architecture.
Ce lieu modeste est unique et doit être connu pour tout amateur d’architecture romane. Il est primitif, sans doute, expérimental pour l’époque, mais fait partie des chefs d’œuvres du XIe siècle et est une excellente prémisse des constructions romanes à venir, plus tard au tournant du XIIe siècle.
Ce site est ouvert toute l’année car propriété du ministère de la culture et totalement gratuit. Si vous êtes intéressé, avant de vous y rendre, des descriptifs du site sont disponibles gratuitement à la mairie de L’Ile-Bouchard. Alors, n’hésitez pas, le prieuré Saint-Léonard fait partie des merveilles de l’art roman de notre pays.