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MONUMENTAL

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Actualité du patrimoine. Visites, lectures, expositions, dans des châteaux, des églises. Notre passion du patrimoine à la portée de tous.


La cathédrale de Tours

Publié par Nicolas Mémeteau sur 9 Septembre 2006, 00:00am

Catégories : #Val de Loire

En Région Centre, on parle beaucoup des cathédrales de Chartres ou de Bourges. C'est bien dommage de passer sous silence d'autres édifices, aussi bien réalisés que ces deux là, peut-être moins cararctéristiques d'un style pur, comme Chartres, mais la cathédrale de Tours a d'autres qualités, à commencer par une histoire très riche.
La première cathédrale fut élevée vers 338 ap. J.C., à l'intérieur de l'enceinte gallo-romaine, sur ordre de Lidoire, second évêque de Tours. Après des troubles au VIe siècle, Grégoire de Tours (auteur de la précieuse "Histoire des Francs"), élu évêque en 573, découvre un édifice en ruine, qu'il ne cessera de reconstruire. A l'abris derrière les murailles, la cathédrale ne semble pas avoir souffert des nombreuses invasions normande des IXe et Xe siècle (connues en 858, 903, par exemple), puis des  rivalités entre les comtes d'Anjou (
Foulques Nerra) et de Blois (Eudes Ier et Eudes II), fin Xe, début XIe siècle.
Au début du XIIe siècle, l'édifice mérovingien est en très mauvais état. Il faut donc le reconstruire. Il est possible que ce soit Hildebert de Lavardin, archevêque de Tours (1125/1133), qui dirige les travaux, après avoir reconstruit la cathédrale du Mans. Elle s'élève au même emplacement que la cathédrale actuelle. Elle est plus vaste que l'ancienne, il a donc fallu raser une partie de l'enceinte gallo-romaine, dans laquelle elle s'insérait.
Il reste encore quelques traces de cette construction romane aujourd'hui : quelques chapiteaux dans le transept sud, dans les tours, salles voûtées à l'angevine ("la chambre des métaux", servait à d'atelier aux peintres et verriers chargés de l'entretien des vitraux, tour nord, XIIe siècle).

La construction de la cathédrale gothique commence en 1236. Contrairement à Chartres, la construction n'est pas homogène, puisque le chantier ne sera réellement terminé qu'en 1547 !
La reconstruction commence par le choeur, mais l'ancienne nef est conservé. Certaines irrégularités proviennent de la difficulté de raccordement entre cette nef et le nouveau choeur. La parenté de Tours, dû aux libéralités de Saint Louis et de Blanche de Castille, avec la
Sainte Chapelle (vitraux semblables, fenestrage identique) est évidente.

Le transept et les parties basses de la nef sont reconstruites au début du XIVe siècle. Les parties hautes seront réalisées grâce aux libéralités de Charles VII et de Jean V, duc de Bretagne, en 1425. La construction de la façade s'échelonne de 1427 à 1484, sous la direction de Jean de Dammartin (1431/1454), de Jean Papin (1451/1483) et de Jean Durant (1483/1500). Elle est un exemple du plus pur style gothique flamboyant de la deuxième moitié du XVe siècle.
A partir de 1507, Pierre de Valence achève le couronnement de la tour nord, dans un style Première Renaissance française. Il avait déjà travaillé pour le cardinal Georges d'Amboise (v. Chaumont) pour le château de Gaillon, en Normandie, et à Rouen. Pierre Gadier couronnera la tour sud de 1534 à 1547, dans un style un peu démodé pour l'époque mias qui s'accorde avec la tour nord.
La cathédrale Saint Gatien souffrit des guerres de religion : les statues du portail de la façade furent brisées. En 1787, le jubé fut démoli. Au début du XIXe siècle, elle a failli être rasée par le préfet de Pommereul, fermement anti-clérical et déjà responsable de la quasi-disparition de la basilique Saint Martin (dont nous reparlerons bientôt).

Le vocable de la cathédrale fut Saint Maurice jusqu'au XIVe siècle. Puis on lui préféra le vocable de Saint Gatien qui aurait été le premier évêque de Tours, prédécesseur de Lidoire. Les Tourangeaux l'appellent d'ailleurs familièrement la "Gatienne", en hommage à leur premier évêque !

Plan de la cathédrale

Visite

Le choeur.
Le chevet (1236/1270) est l'un des exemples les plus parfaits de l'architecture gothique du XIIIe siècle. Chaque pilier est flanqué de quatre colonnes engagées. Les deux piles d'entreé du choeur, plus massives et irrégulières ont été montées au XIIIe, puis reprises au XIVe siècle. Dans le déambulatoire, les cinq chapelles rayonnantes sont semi-circulaires, jusqu'à deux mètres du sol environ, et, plus haut, pentagonales. La clé du doubleau d'entrée évoque le patron à qui elles sont dédiées : Saint Martin donnant son manteau à un pauvre, Saint Pierre avec ses clés, Saint Michel, Saint Jean l'Evangéliste, un évêque tenant un livre et bénissant, la Vierge et l'enfant, Saint Gilles encapuchonné comme un ermite et caressant une biche réfugiée sur ces genoux.
L'importance donnée aux verrières par rapport aux surfaces pleines (v. vitraux de la sainte Chapelle), les arcs-boutants à deux étages sont des traits caractéristiques du gothique du XIIIe siècle.

Le transept.
Le bras gauche du transept surmonte une crypte (qui ne se visite pas) et en a peut-être utilisé les murs comme fondation, ce qui expliquerait l'irrégularité évidente de son plan : sa dernière voûte offre la forme d'un trapèze.
Les bases et les chapiteaux indiquent le XIVe siècle. Les roses du transept, soutenues par un remplage ajouré, rapellent Notre Dame de Paris. Mais la rose qui orne le fond du bras gauche présente une innovation architecturale. Elle s'inscrit dans un carré dont les quatre ecoinçons sont ajourés, tandis qu'à Notre Dame, les écoinçons sont à jour.

La nef.
Elevée en trois campagne succéssives, la nef offre pourtant une certaine unité. Les deux dernières travées, situées près de la croisée, ont été élevées autour des années 1300. Les quatre précédentes doivent dater du XIVe s., ainsi que les chapelles latérales qui correspondent. Les feuillages des chapiteaux sont caractéristiques du XIVe s. Le triforium, les fenêtres hautes n'ont été montées qu'au XVe s. Les deux travées comprises dans le massif antérieur, sans doute construites vers 1430, indiquent assez clairement quelques anomalies entre les campagnes de construction.
On remarquera les dessins très variés qu'offrent les remplages du triforium et des fenêtres hautes, par exemple, le motif de fleur de lys, habituel dans de nombreux édifices flamboyants comme la Trinité de Vendôme (article prochainement) ou Notre Dame de Cléry.

La façade.
Elle n'est qu'un placage sur l'ossature plus ancienne. Au portail, tout un peuple de saints et de saintes était abrîté par des dais reproduisant en miniature l'architecture de la cathédrale : clochetons aigus, pinacles effilés, arcs-boutants minuscules. Au XIXe s., un programme de restauration était prévu, mais seul le statuaire de la porte centrale fut réalisé en 1849 par Pierre Damien.
Au répertoire flamboyant de la façade, succède, dans les parties hautes un décor Renaissance d'une certaine lourdeur accentué par la nécessité de réaliser des motifs discernables d'en bas, comme dans les parties hautes du château de Chambord, à peu près contemporaines.

La cathédrale de Tours est un bel exemple de l'évolution de l'architecture au Moyen-Age. On y observe des constructions du XIIe s., jusqu'au milieu du XVIe s., dans une harmonie malgré tout présente.

A voir dans cette cathédrale :
- le tombeau des "Enfants de France", les enfants de Charles VIII et Anne de Breatgne, Charles Orland (mort en 1495)et Charles (mort en 1496), entérrés dans le transept sud. Ce tombeau est un chef d'oeuvre de la sculpture du XVIe s.
- le cloître de la Psalette. Petit cloître, accolé à la cathédrale. Il est petit, mais tout à fait intéressant. Il complète bien la visite de la cathédrale, avec la possibilité de voir le scriptorium, des peintures murales et un magnifique escalier XVIe, récemment restauré. Visite  du cloître payante, mais très peu chère (2,50 €), et peu fréquentée, même en été ! C'est dommage, mais confort pour ceux qui s'y aventurent !

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Comme je te disais: que de souvenirs dans cette belle description. Bizz du pays des pharaons  @nne marie
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